#xel_7
#yoon_7

Monologuer, ce n’est pas simplement énoncer une parole intérieure : c’est produire une image de la pensée en acte. Dans la tradition de l’écriture automatique chère aux surréalistes, le texte devient image mouvante du psychisme – une cartographie instantanée de flux, de pulsions, d’associations libres. Ce qui s’écrit n’est pas maîtrisé ; c’est le surgissement d’un visuel mental, d’un langage-image qui échappe aux structures logiques. Le sujet ne parle pas : il se laisse traverser, devenant support de projection.
Mais cette image mentale – fragmentaire, discontinue, intuitive – entre aujourd’hui en collision avec une autre forme d’image : celle produite par les interfaces numériques. Le texte monologué, dès lors qu’il circule en ligne, se voit redoublé, réagencé, recadré par une machinerie iconotextuelle. Les plateformes ne se contentent pas de transmettre le texte : elles l’illustrent, l’encadrent, l’indexent, le reconfigurent dans une mise en page algorithmique qui devient un second niveau de signification. Le langage n’est plus seul : il est accompagné d’images de soi, d’icônes, de hashtags, de captures d’écran – autant de signes visuels qui agissent sur la perception du discours.
Ainsi, le monologue devient doublement image : image de l’esprit en train de se dire, et image publique de ce dire, médiée par le dispositif numérique. L’intériorité se trouve exposée, scénographiée, encadrée par une structure visuelle imposée. Ce n’est plus seulement le langage qui se montre, mais une esthétique de soi conditionnée par le régime de l’interface.
Les balises numériques (#presence_7, #exil_009…) jouent ici un rôle métaphorique : elles fonctionnent comme des images verbales, des repères symboliques qui condensent une position dans le flux. Elles signalent une tentative de fixer, d’ordonner, de donner forme à la subjectivité dans l’océan des signes. L’écriture devient image rituelle, presque hiéroglyphique, destinée autant à soi-même qu’aux autres.
En ce sens, le monologue n’est plus un simple fil discursif : c’est un dispositif sémiotique complexe, fait de textes, de signes visuels, de formats techniques. C’est un théâtre de soi où l’image et le langage se croisent, se contredisent, se rejouent. Il pose cette question cruciale : que reste-t-il de la pensée quand elle devient visible ? Et comment cette visibilité transforme-t-elle ce que nous croyons être nous-mêmes ?
Laisser un commentaire